Projet réalisé lors d’une résidence photographique organisée par la ville de Varengeville-sur-Mer en collaboration avec Fetart dans le cadre du festival Normandie Impressionniste 2016.
A la fin de l’hiver, je me suis rendue à Varengeville-sur-Mer. Village chargé d’Histoire au patrimoine culturel et naturel remarquable et dont la vie semble être rythmée par le va et vient incessant de la mer qui s’échoue au pied des falaises. Pendant deux semaines, je suis devenue habitante temporaire de cette terre si singulière dans laquelle je me suis immergée, allant à la rencontre de ses habitants dans le but de mieux comprendre la relation qu’ils entretiennent avec leur lieu de vie.
D’abord le silence, la méfiance puis vient la confiance et enfin les paroles se libèrent. Au fil des jours et des rencontres j’ai pu recueillir les souvenirs et les histoires de ces habitants aux personnalités entières et attachantes. Certains m’ont ouvert leur porte m’invitant dans l’intimité de leur chez eux, partageant avec moi moments de plaisirs, émotions quotidiennes et rituels anodins. D’autres m’ont fait connaitre le village dans ses moindres recoins m’amenant sur des lieux qui leur sont chers : cachettes secrètes, lieux d’introspection, lieux de jeux, de fêtes, de rencontres amicales et de retrouvailles familiales.
Tants de moments vécus, tants de morceaux de mémoires que j’ai tenté d’évoquer à travers mes images traduisant au mieux la sensibilité et l’histoire de chacun. Nostalgique, drôle ou même surréaliste, chaque photographie livre les bribes d’un souvenir, remontant ainsi le temps l’espace d’un instant.

Janine et Josée sont amies depuis leur plus tendre enfance. Inséparables, elles ont passé la majeure partie de leur adolescence ensemble. A l’époque, il n’était pas toujours facile d’échapper à l’autorité parentale et de se retrouver en dehors de l’école. Les matchs de football fournissaient alors une bonne excuse ! A dire vrai, le football… elles s’en fichaient, c’était surtout l’occasion pour elle de papoter, rigoler et d’observer les garçons en pleine action !

Enfant, le cimetière marin était le terrain de jeux d’Alice. Elle y passait de longues heures avec ses frères et sœurs. A l’époque, en contrebas du cimetière, on pouvait trouver de petits monticules de terre dus aux fréquents glissements de terrains. La terre regorgeait de surprises, on y trouvait fréquemment des ossements provenant des tombes. Ces os, accessoires insolites, peuplaient leurs jeux et leurs aventures imaginaires…

A son arrivée à Varengeville en 1973, Maddie et son mari décidèrent de monter une fabrique de bougie. Ils installèrent leur atelier dans le garage de la chaumière dans laquelle ils vivent encore aujourd’hui. Pendant plus de 30 ans, Maddie a emballé des bougies et des statuettes de cire dans des couches de papiers successives. Il ne reste désormais que très peu d’objets en cire, mais ce sentiment de plaisir et de minutie du geste est encore très présent dans sa mémoire.

Depuis toujours, il y a des ânes dans le champ en face de l’Hôtel de la terrasse. Il y a peu, familles et clients profitaient encore des balades en calèche dans Varengeville. Petite fille, Françoise appréciait particulièrement ces moments de gaité partagés en famille. Pendant des années, elle a perpétué ce rituel familial, partageant avec ses propres enfants le même plaisir simple qu’elle avait connu enfant.

Sur les falaises, cachés au milieu de la végétation Mathieu, Guillaume et leur bande avaient un petit coin tranquille où ils aimaient se retrouver. Ils passaient la soirée à discuter, boire et rigoler à la lueur d’un feu de camp. Sentiments de liberté et d’insouciance, amitiés fortes, premières amours, mais aussi folies de l’adolescence… ils ont tous les deux passé ici des instants mémorables dont ils parlent avec nostalgie.

En 2010, Caroline a perdu sa maison, engloutie par la falaise. Elle a en reconstruit une nouvelle en retrait quelques années plus tard. Elle est toujours très émue lorsqu’elle évoque cet évènement, un mélange de tristesse et de nostalgie.

Il y a plus de vingt ans maintenant, trois amies tombées sous le charme du village s’installaient à Varengeville. Elles plantèrent ensemble un camélia dans le jardin de leur maison commune. Deux de ces amies sont décédées depuis… Mais Ann continue inlassablement à prendre soin de cet arbuste, souvenir de ses amies et de leur amitié.

Pour un citadin comme Foucauld, le chant des oiseaux est une denrée rare… En tant que résident secondaire, son premier plaisir varengevillais est d’écouter les bruits de la nature. Cette précieuse musique sonne pour lui comme un appel lorsqu’il s’éloigne trop longtemps du village.

Dans un village tel que Varengeville, la poste est un lieu central de la vie sociale. Pendant 20 ans, Francine a été une fidèle employée de la Poste, un jour factrice, un jour au tri postal, un autre au guichet… Appréciée de tous, elle a aimé être au cœur de la vie quotidienne des Varengevillais et ils lui prêtent encore aujourd’hui une affection toute particulière.

Pendant son enfance, Frédérique et son frère jumeau allaient tous les matins en vélo à la ferme de Monsieur et Madame Voisin chercher le lait frais du jour. Accroché au guidon du vélo, le pot à lait tanguait toujours dangereusement, finissant souvent par se renverser sur la route… Les enfants revenaient alors bredouilles de leur expédition matinale !

Chaque année au mois d’Octobre, Corinne faisait la récolte des pommes dans le clos de Monsieur Deconnink. Moments familiaux, retrouvailles entre cousins et cousines, ils remplissaient ensemble de grands sacs de pommes pour les charger sur le tracteur. Eclats de rire, gouters, cidre… encore aujourd’hui, Corinne a les yeux qui pétillent lorsqu’elle évoque ces souvenirs !

Toute son enfance, Jean-Pierre a écouté sa mère lui raconter des histoires en lien avec le poirier de Fisée planté par ses arrières grands-parents dans le jardin de leur maison. Ce majestueux poirier aujourd’hui centenaire, donne encore des poires à profusion. Mais le temps passe… et le terrain sur lequel se trouve le poirier est à vendre. Jean-Pierre espère le récupérer dans le but de préserver cet arbre qui fait partie intégrante de son histoire familiale.
Pochettes Albums-Souvenirs Varengeville-sur-Mer
Micro édition de 20 pochettes // 11 vues
Conception et réalisation graphique: Alice Leborgne
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